Discours de remise du Prix Hugues Capet aux Archives nationales
- Prince Charles-Philippe d'Orléans
- il y a 18 heures
- 6 min de lecture
Voici le discours pronocé par le Prince Charles-Philippe et la ¨rincesse Naomi d'Orléans, lors de la remise du Prix Hugues Capet 2024 mardi 1er avril à l'hôtel de Soubise, écrin des Archives nationales, à Monsieur Laurent Avezou pour son ouvrage "Sully, bâtisseur de la France moderne", publié aux éditions Tallandier.
📷 Photos, toute reproduction interdite, tous droits réservés, © David Nivière
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Madame la ministre, Monsieur le Sénateur, Monseigneur, Madame, Madame la Maire, Chère famille, Chers membres du Jury, Mesdames et Messieurs, Chers amis.
Il y a trente ans, un homme devenu entre-temps un de mes meilleurs amis, Jacques-Henri Auclair, créait le Prix Hugues Capet. Ma grand-mère, la Comtesse de Paris, en devenait la présidente du Jury, suivie de la Princesse Béatrice de Bourbon des Deux-Siciles.
Depuis, que de chemin parcouru :
plus de 200 livres sélectionnés,
des auteurs talentueux comme Didier Le Fur, le Prince Gabriel de Broglie, Philippe de Villiers, Jean Sévillia, Jean-Christian Petitfils, Jean-François Chiappe, Max Gallo, Eric Woerth, Charles-Eloi Vial et des dizaines d’autres,
presqu’une centaine de conférences,
ont forgé le prestige de ce prix littéraire unique en France et en Europe.
Ce soir nous célébrons, non seulement le talent littéraire, mais aussi le renouveau du Prix Hugues Capet.
Ce prix porte le nom du fondateur de la dynastie capétienne, mais il n’est pas prisonnier du passé. L’influence de cette dynastie dépasse la fin de la monarchie en France, et s’étend bien au-delà de ses frontières.
Cette dynastie a contribué à façonner l’Europe moderne, structurant ses institutions, inspirant ses principes et laissant un héritage culturel encore bien vivant aujourd’hui. C’est dans cet esprit, entre mémoire et modernité, que nous honorons ce soir ceux qui perpétuent, cet héritage d’histoire et de pensée.
C’est un honneur et un plaisir de vous accueillir dans ce lieu d’exception, l’Hôtel de Soubise, écrin des Archives nationales, pour cette remise du Prix Hugues Capet 2024.
Merci à ceux qui nous ont placé leur confiance en ce renouveau :
Nos donateurs, du plus modeste au plus important puisque le Prix Hugues Capet n’est pas subventionné. Il vit grâce à la générosité de ses donateurs.
Merci à notre mécène et fidèle ami, Monsieur Omar Harfouch, homme d’affaires et pianiste de renom qui incarne une vision moderne de l’engagement philanthropique au service de la culture et de l’histoire.
Merci à notre partenaire Edmond de Rothschild Heritage, à sa Présidente, Ariane de Rothschild et à son Président du Directoire Alexis de la Palme.
Merci à Monsieur Bruno Ricard, jusqu’à il y a quelques semaines directeur des Archives nationales, aujourd’hui chef du Service interministériel des archives de France, et adjoint au directeur général des patrimoines et de l'architecture, et bien-évidemment à toute son équipe des Archives nationales. Ils ont accueilli le Prix Hugues Capet avec enthousiasme et générosité.
Nous tenons à remercier chaleureusement Monsieur William Lambourg pour son aide depuis le premier jour Et bien évidemment tous les membres du Jury pour leur engagement : Jacques-Henri Auclair, Stéphane Bern, Ève de Castro, Franck Ferrand, Virginie Girod, Jean-Christian Petitfils, Diana Picasso, Jean Sévillia et Amélie de Bourbon Parme qui intègre le Jury à partir de l’édition 2025
Les chiffres du tourisme en France sont tombés la semaine dernière, affichant un record absolu en 2024 avec plus de 100 millions de visiteurs, faisant de la France, une fois de plus, la première destination touristique au monde. Les recettes ont atteint 71 milliards d’Euros avec une hausse de 12%. Les prévisions pour 2025 sont encore plus prometteuses.
Que sont venus chercher ces millions de touristes ? En plus de notre histoire et notre patrimoine, c’est l’âme d’une nation millénaire que cette centaine de millions de touristes vient ressentir : cette identité façonnée par les siècles, indissociable de l’esprit capétien qui l’a ordonnée. Car l’histoire de France n’est pas une succession d’événements disjoints, elle est un fil tendu à travers les siècles, tissé par des hommes et des femmes, qui par leur engagement, leur intelligence et leur détermination, ont bâti cette nation. Ce fil a un nom : la tradition capétienne.
La France est une terre de culture, une civilisation, née d’une continuité et d’une légitimité politique qui ont su conjuguer héritage et modernité. Cette « capétianité » n’est pas une nostalgie, mais une force vive : elle est la colonne vertébrale de notre nation, un modèle de souveraineté et de cohésion qui, loin d’être un vestige du passé, demeure une valeur ajoutée essentielle pour construire l’avenir de la France et son influence dans le monde.
La France est capétienne. Être français, c’est être capétien.
Et le Prix Hugues Capet s’inscrit dans cette continuité. Il est le symbole de la continuité des siècles qui se sont écoulés, de l’avènement en 987 du premier capétien à la république d’aujourd’hui. Il célèbre plus de mille ans d’histoire et de patrimoine, unissant la France et l’Europe dans une mémoire commune.
Le Prix Hugues Capet a un projet clair : devenir un acteur influent, reconnu et incontournable pour mieux comprendre, préserver et transmettre aux générations futures le patrimoine et l’histoire de France et d’Europe.
Nous avons un héritage à défendre et une mission à accomplir : Faire rayonner l’histoire et le patrimoine auprès du plus grand nombre, avec modernité et ambition, pour que la mémoire du passé éclaire notre avenir.
Ce soir nous sommes réunis pour célébrer Laurent Avezou et son ouvrage Sully – Bâtisseur de la France moderne, publié aux éditions Tallandier. Ce livre magistral retrace, avec rigueur et clarté, la vie de Maximilien de Béthune, duc de Sully, principal ministre et fidèle conseiller d’Henri IV. Il met en lumière le rôle clé de cet homme d’État visionnaire, dont l’héritage résonne encore aujourd’hui.
À une époque troublée, dans une France meurtrie par les guerres de religion, Sully a su rebâtir un pays en ruine. Il a fondé son action sur trois piliers essentiels : la stabilité, la prospérité et la réconciliation nationale. Sa méthode, alliant rigueur budgétaire, planification à long terme et unité nationale, lui a permis de poser les bases d’une France moderne et apaisée.
Accessible et profond, Laurent Avezou conjugue précision historique, finesse d’analyse et plaisir de lecture, séduisant à la fois les historiens et un public averti. C’est pour toutes ces raisons que le jury du Prix Hugues Capet a choisi de récompenser cet ouvrage et son auteur.
Plus que jamais d’actualité, l’exemple de Sully nous rappelle qu’après les crises, une nation peut toujours se relever, à condition de s’appuyer sur des fondations solides et une vision d’avenir. Une leçon précieuse pour notre temps.
À travers l’œuvre que nous célébrons ce soir, nous rendons hommage à cette France qui ne renie rien de son passé, à cette France qui sait d’où elle vient et qui, forte de ses racines, se projette vers l’avenir avec assurance.
Laurent Avezou est tombé dans l’histoire quand il était petit, et il n’en est jamais vraiment ressorti. Là où cette passion s’émousse souvent avec le temps, chez lui, elle n’a fait que grandir. Aujourd’hui Laurent Avezou est professeur de chaire supérieure et enseigne l’histoire du Moyen Âge et de l’Ancien Régime au lycée Pierre de Fermat, à Toulouse, auprès des étudiants préparant le concours de l’École nationale des chartes.
Lui-même ancien élève de cette prestigieuse institution, il aurait pu se consacrer à la conservation des archives ou des bibliothèques. Mais son goût pour la transmission a été plus fort : après avoir passé l’agrégation et soutenu un doctorat à l’Université Paris-I sur la légende de Richelieu, il a choisi d’enseigner et de mener des travaux de recherche.
Car pour lui l’histoire ne se résume pas à des dates et des faits : c’est une matière vivante, un dialogue entre le passé et le présent. Il aime établir des ponts entre les générations et explorer la manière dont l’histoire façonne notre regard sur le monde.
S’il revient sans cesse à ses chers 17 et 18ème siècles, il ne s’y enferme pas. Il aime varier les approches, passant des travaux d’érudition à la littérature jeunesse. Après tout, pourquoi éditer l’Analyse raisonnée de l’histoire de France de Chateaubriand si, dans le même temps, on ne sait pas raconter l’Égypte des pharaons aux enfants ?
Pour Laurent Avezou, aimer l’histoire, c’est savoir grandir sans jamais perdre sa part d’enfance. C’est comprendre le passé pour mieux construire l’avenir. C’est rendre hommage à un héritage qui continue de nous inspirer.
Il y a trente ans, pour sa première édition, le Prix Hugues Capet récompensait une excellente biographie d’Henri IV publiée chez Flammarion. Son auteur n’était autre que François Bayrou, aujourd’hui Premier ministre. Trois décennies plus tard, pour son renouveau et son trentième anniversaire, le Prix couronne cette fois une biographie de l’homme qui fut le principal ministre d’Henri IV. Cher Laurent, rendez-vous dans trente ans à Matignon.
La dotation du Prix Hugues Capet est de 20.000€, nous sommes fiers d’être la deuxième plus importante dotation financière de prix littéraire en France.
Laurent Avezou, au nom de tous les membres du Jury, en tant que co-présidents du Prix Hugues Capet, nous avons le plaisir de vous remettre le Prix Hugues Capet 2024 pour votre remarquable ouvrage, Sully, Bâtisseur de la France Moderne, publié aux éditions Tallandier.
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